Tentative d'historique du collectif

Publié le par collectif quand l'art rencontre l'industrie

La jeune aventure du Collectif « Quand l’art rencontre l’industrie »
  
Le collectif « quand l’art rencontre l’industrie » s’est constitué en une génération spontanée au hasard des rencontres festives, culturelles, et des relations amicales et artistiques de différents réseaux de personnes sur la région de Valence.On peut dire qu’à l’origine, il y a une rencontre entre deux jeunes artistes et un industriel valentinois spécialisé dans la transformation et le traitement des métaux.
Une conversation qui est l’occasion pour les jeunes artistes de déplorer le manque de lieux ou la frilosité des hôtes pour accueillir les expressions artistiques débutantes. De l’autre côté, un acteur économique qui a à cœur de socialiser le milieu de l’entreprise et qui a déjà expérimenté l’insertion professionnelle des jeunes ou des handicapés. Quel rapport me direz-vous ? Et bien, la démarche en cause est celle de l’exigence de la mixité entre les genres, les personnes, les générations et les milieux. Une mixité pour une richesse permanente nourrie de rencontre et de confrontation des différences.  
 
Résultat, les artistes se voient proposer un espace, une usine de métallurgie, à investir le temps d’un week-end. Le pari consiste à s’approprier un lieu de travail industriel et l’aménager pour le reconvertir brièvement en un espace d’exposition, propre à accueillir du public. Le cahier des charges moral impose d’investir l’endroit seulement après le travail des ouvriers, le vendredi après-midi, de le nettoyer et le sécuriser. Alors, la réception du public et l’exposition des œuvres pourront avoir lieu. Ensuite, il n’est pas moins important de rendre l’espace en l’état, pour le retour des salariés le lundi matin. Avec le souci de remettre l’outil à la place ou l’ouvrage l’attend.
 C’est un pari ébouriffant ou un défi exorbitant pour quiconque, mais pas aussi fou si l’on décroise un peu les bras pour agir et attirer vers ce but partagé les virtuoses de l’entraide et de l’enthousiasme. De proche en proche, toute une équipe d’artistes indépendants, de bénévoles associatifs volontaires et compétents, au service de l’événement et en soutien matériel et communicationnel, se constitue pour animer des expositions qui vont dés le début déborder la simple présentation d’œuvres artistiques.
En effet, il s’est rapidement imposé parmi les amis des artistes, l’idée qu’il fallait rendre le déroulement de l’événement aussi surprenant et inhabituel, dans son atmosphère générale, que peut sembler audacieux le fait d’exposer dans une usine en activité, loin des cimaises et des murs blancs.
 
Il y a une alchimie qui s’est créée volontairement mais aussi immatériellement pour rendre ces manifestations tellement différentes de tout ce à quoi nous voulions échapper (monographie, œuvres uniformes, exposition mono- disciplinaire, promotion personnelle et mercantile, vernissage avec cocktail mondain, espace aseptisé et réfrigérant, public blasé revenu de tout, etc.
Exposition du 14 et 15 janvier 2006
Concrètement, la première exposition pendant ce week-end de janvier, a réuni à Valence dans la Z.I. de Briffaut, 6 artistes et un collectif pour autant de techniques ou d’expressions différentes (sculpture métal ou textile, installation - parcours, photo, vidéo, peinture, performance mix-vidéo, maquette, diaporama).
 
Toute la soirée d’ouverture, le samedi 14, ayant été conçue comme une performance générale visant à accueillir le public comme dans un lieu finalement chaleureux, dans une ambiance festive avec des personnages vraisemblables mais décalés qui jouent pour composer une atmosphère évacuant la tension du rapport social et culturel avec l’art. Une autre ambition était de faire pénétrer différemment un univers de production, pas encore délocalisée, pour un public déjà majoritairement acteur ou consommateur de la société des services.
 
Au bilan, cette première soirée du samedi 14 janvier 2006 a été un succès public avec quelques 300 personnes qui ont déambulé ou sont restés avec nous jusqu’au bout, pour une grande part. Une réussite humaine avec la satisfaction des artistes d’assister à ce brassage et cette effervescence autour de la création, cette nouvelle possibilité de rencontre des publics et cette simplicité de la parole. Cette découverte a été partagée avec un public qui nous a dit avoir passé un moment magique de fête. Cela a produit un ensemble d’une belle convivialité et d’une proximité inattendue avec le travail des artistes.
Forts de cette belle aventure, quatre des artistes, l’industriel au sourire éclairé de son usine transfigurée, et la plupart des soutiens bénévoles ont souhaité fédérer cette dynamique. Nous avons donc constitué un collectif informel et libre, avec l’envie de donner des suites à cette aventure humaine et artistique originale. Mais attention, pas question de se répéter, de se routiner tranquillement, avec toujours les mêmes recettes pour accueillir et les mêmes œuvres pour contempler.   
 Exposition du 9 et 10 juin 2006
C’est donc pendant un week-end de juin que nous avons réitéré l’expérience. Avec cette fois une équipe élargie à 15 artistes individuels ou collectifs dans une usine plus grande et avec un plus grand potentiel d’installation, d’accueil, d’animation et de mouvement. Cette usine était située à Montélier (15 Km de valence) dans la Z.A. de la Pimpie.  
Cette exposition a été réalisée dans un calendrier culturel ou familial surchargé de sollicitations diverses. Pourtant nous avons eu la visite d’environ 200 personnes tout au long de la soirée du vendredi 9 et de la journée du samedi. Pour le vernissage, la centaine de personnes restées après 22 heures ont pu assister également aux performances de deux trios. Le premier emmené par Pascal Cazaumayou (Poésie en apesanteur), J. Trembouze (Récit sonore) et S. Merlin (Danse), qui a construit l’installation avec notre hôte, l'industriel bienfaiteur.
Le second trio était constitué par le collectif Orkidurs qui a joué dans la nuit à l’extérieur la première d’une nouvelle création avec Sébastien (Danse et pantomime), Adeline et Marion (Théâtre et manipulations). 
Au final, une auberge espagnole géante avec une tablée de 80 personnes a clos cette soirée d’ouverture bien après minuit.
Le lendemain, les visiteurs ont été accueillis par les artistes eux-mêmes. Le week-end s’est achevé le samedi soir par un décrochage public avec une soupe à l’oignon party, sur l’herbe, organisée par la compagnie Orkidurs avec un groupe d’une dizaine de jeunes bénévoles issus d’un parcours de compagnonnage solidaire.  
 
Cette exposition avec ses richesses artistiques et humaines nous a confirmé dans notre volonté de poursuivre 
une démarche fondée sur :
- Le soutien et l’accompagnement des jeunes artistes notamment ;
- Le soutien et la valorisation des partenaires entreprises qui nous accueillent ;
- La mixité générationnelle et sociale entre les artistes et avec l’équipe des bénévoles ;
- L’égalité et la collaboration entre les participants artistes ou non artistes ;
- L’investissement de lieux de travail vivants et du quotidien pour désacraliser l’art ;
- Le détournement de l’événement vernissage au profit d’un univers joyeusement décalé ;
- La recherche de rencontres et de convivialité avec le public et entre les artistes ; 
- La volonté de constituer une équipe de partenaires qui puisse construire l’événement de A à Z.
 
Nous souhaitons donc poursuivre notre ouverture vers des artistes de tous les horizons géographiques et artistiques, puisque nous avions des artistes venus de Paris et de Lyon avec ceux issus du noyau valentinois déjà étendu à la Drôme et l’Ardèche. Le mélange des pratiques et des propositions artistiques est également une exigence puisque nous présentions comme précédemment de la peinture, de la photo, de la vidéo mais avec cette fois-ci une irruption de la performance multi artistique ou de théâtre de rue, une multiplication des systèmes d’accrochage,
Un ancrage de la vidéo, une pénétration de la sérigraphie sous deux formes divergentes, l’entrée remarquée des mobiles, ligatures, branches et fils, le retour de la chaise transfigurée, des collages et autres surprises, jusqu’à des démarches vidéo-conceptuelles d’étudiants des beaux-arts, et des installations sonores, nocturnes et poétiques. Et encore en oublions-nous peut-être.

Bref, nous avons passé un moment intense de bonheur artistique et humain dans un lieu finalement idéal pour une exposition et avec le soutien prépondérant de notre hôte entrepreneur. Ce souffle nous amène à poursuivre cette dynamique collective et cette recherche de nouveaux lieux et contextes, nouvelles rencontres d’artistes et de publics. 

Publié dans collectif CQLAR

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